Les Exilées
Elle(s) regarde(nt) en arrière
Leurs corps se tient bien droit
Mais le temps leur fait peur
Maintenant elles ont froid
Les enfants ne jouent pas
Et les sages se taisent
Le désert est entré
Dans le cœur de chacun
Et le sable des mots
Coud leurs sacs de douleurs
Seul le vent tient les comptes
À l’abri du silence
Elle(s) regarde(nt) en arrière
Et ne comprennent pas
La naissance du mal
Le succès de l’horreur
Les charniers sont éteints
Des images les rongent
Et l’odeur éternelle
A gangréné les cœurs
Des rats ont envahi
Les égouts de leur âme
Tous les hommes s’endorment
En pensant à la mort
Elle(s) regarde(nt) en arrière
Et s’en vont au péril
D’un amour tout en ruine
Chercher un peu d’espoir
Dans les ciels de la foi
Il ne reste plus rien
Écœurés par la mort
Tous les dieux sont partis
Quelques femmes sans doute
Ont en elles un enfant
C’est pour eux qu’elles rêvent
Du bonheur d’exister
Elle(s) regarde(nt) en arrière
Et craignent l’avenir
Oublier semble utile
Se souvenir plus fou
Il faudrait tout changer
Les maladies du cœur
Les prisons d’égoïsmes
Le cancer de la peur
Le sida narcissique
Le venin du mépris
Et garder en mémoire
Les éventreurs d’espoir
Elle(s) regarde(nt) en arrière
Et s’en vont sans mot dire
Au-devant les attend
L’horizon des combats
Une femme a levé
Son enfant vers le ciel
Puis une autre a compris
La force du symbole
Quelques hommes sans doute
Ont repris le message
À nouveau c’est l’amour
Qui leur donne sa force
Elles regardent en arrière
L’une d’elles a crié
« En avant » ! »
Gérard Fronty