Dans un dictionnaire de philosophie — dont la publication datée de 2011 est présentée comme une « version revue, complétée et actualisée de l’édition de 1964 » —, on peut lire, au mot colère, une définition quelque peu faramineuse. En effet, la colère y est décrite comme « une excitation affective de tendance agressive ». Je lis, avec attention, cette définition. Et je me demande si, dans cet intervalle de presque cinquante ans, la colère a pu, elle aussi, être revue, complétée et actualisée. Pour être intègre, je dois avouer que j’ai toujours cultivé, presque inconsciemment, un étonnement naïf et volontaire afin de préserver l’intuition selon laquelle il y a de saines et légitimes colères. J’irais jusqu’à défendre l’idée qu’il est prudent de savoir rester en éveil et même — dans certains cas — en alerte permanente, pour maintenir la possible et salvatrice intervention de la juste colère ; car, pour moi, il y a de justes et légitimes colères. Il faut les réhabiliter.